Crew's Life
février 2010
Un an déjà. Un an. Un an c'est peu, ce n'est rien. Nous avons trouvé d'autres camarades. Nous n'en pas avons perdu d'autres. Ce qui arrive a pu nous permettre de croiser quelques indignés féroces et décidés. Ça, c'est fait.
Certains se taisent toujours, et en tirent satisfaction. Ils sont guéris de penser l'écriture un symptôme. Elle l'est, assurément, jusqu'à un certain point. Ce point, ils y sont. Dès lors, leurs écrits secrets font prières de ne pas déranger. C'était possible. C'était probable. Ça, c'est fait. Ce fait vaut.
Certains se rendent coupables de manifestations déconseillées. Comme ils écrivent et publient, ils sont lus et percés à jour. Publier un livre, diffuser des communiqués sont des actions : stratégie et tactique s'imposent. Ceux-là se donnent un nom que leurs stratégie et tactique ont gobé. Ce nom les découvre quand ils veulent s'en masquer. Si le milieu littéraire étouffe l'évidence de l'écriture, le milieu protestataire étouffe l'évidence du refus. Nous retenons ces épisodes : ça, n'est pas à faire.
Nous profitons de cette tribune pour convoquer l'internationale disparatiste à Helsinki demain matin, Athènes fin avril, Saorge le 11 juin, Fassano fin juillet. Nous n'accueillons que les inconvenants.
Janvier 2009
Un an déjà. Un an. Un an c'est peu, ce n'est rien. Nous avons perdu d'autres camarades. Nous n'en avons pas trouvé d'autres. Ce qui arrive aurait pu pourtant nous permettre de croiser quelques indignés féroces et décidés. Personne.
Certains ont voulu se taire définitivement, et en tirent satisfaction. Ils sont guéris croient-ils car ils croient l'écriture un symptôme. Elle l'est, assurément, jusqu'à un certain point. Ce point, l'auraient-ils atteint ? Dès lors, leurs écrits deviendraient secrets comme les prières de nos mystiques ? C'est possible. C'est probable. C'est donc vrai. C'est vrai faux.
Certains se sont rendus coupables de manifestations déconseillées. Comme ils ont écrit un livre et l'ont publié, ils ont été repérés puis suivis puis raflés. Publier un livre, diffuser des communiqués sont des actions : stratégie et tactique s'imposent. Ceux-là ont donc un nom que leurs stratégie et tactique ont formé. Ce nom est désormais avalé. Si le milieu littéraire étouffe l'évidence de l'écriture, le milieu protestataire étouffe l'évidence du refus. Nous retiendrons de ce nom qui leur a été donné qu'il est faux vrai faux, fiction falsifiée.
Nous profitons de cette tribune pour convoquer l'internationale disparatiste à Budapest début avril, Gzennaia début mai, Guayaquil mi-juin, Saint-Pétersbourg en juillet, Dax en août. Nous n'accueillerons que des coupables.
Janvier 2008
Le groupe se disperse et se recompose tout aussi vite,
c'est comme ça qu'il respire. Les premiers sont attendus à Nice,
les deuxièmes à Nîmes. D'autres encore sont dans le "ni ni",
ni là ni ici, ni pour ni contre, ni quoi ni qu'est-ce ;
mais sans doute, tous, contre l'ineptie du voyage
(devenu obligatoire).
Peu importe les désaccords, s'ils existent !
On cause, on écoute, on poursuit.
C'est la loi des groupes, c'est leur force aussi.
L'amitié n'est pas en cause. Le temps, non plus !
Nous aimons, au restaurant asiatique,
ce petit craquement des baguettes lorsqu'on
les sépare. Nous aimons le bruit du vent dans les volets.
Nous lisons Aujourd'hui demain.
novembre 2007
Nous sommes en désaccord.
Le désaccord est tel qu'il rompt les amitiés comme on
sépare les baguettes au restaurant asiatique, d'une simple
traction. L'équipe se réduit. Comme on vieillit dans le même
temps, on ne se fait pas de nouveaux amis aussi rapidement
qu'à vingt ans.
Aurait-on peur de finir seul ?
Laissez-moi rire, on ne rêve que de ça.
Bref, Meens sort un bouquin en décembre. Meens en a un
autre tout chaud, il sort du four, qu'il proposera à son éditeur
en temps et en heure, parce qu'il n'attend pas de critique d'un
éditeur. Meens s'est attelé à d'autres travaux en la page. La
crew s'est évaporée. Meens partout,
égaré.
Gare à vous.
avril 2006
La rencontre de notre groupe avec la bannière
Cythère-critique
et l’École de Puerto López à
Rome a parfaitement débuté par
l’exclusion immédiate des quelques-un(e)s qui
osaient encore se
prétendre disparatistes l’avant-veille. En
voilà qui sauront s’organiser
les postérités qu’ils et elles
méritent, coups de pieds aux culs
dénombrés.
La caisse, que nous avions placée très en
évidence, a été
immédiatement
emportée. Elle leur a pété
à la gueule sans tarder comme vous l’aurez
noté dans la presse au rayon des faits divers.
Malgré l’opposition de
Cythère-critique, nous nous sommes
vigoureusement installés dans le Trastevere. La question de
la
postérité de nos décisions respectives
ne se posant pas plus que celle
de nos travaux, s’est trouvé quelques heures
envisagée une classification
aléatoire des avortés de grandes têtes
molles contemporains. Ces
quelques heures furent hilarantes, on l’imagine
aisément. Mais l’hilarité,
si nécessaire à la mise en train de nos
timidités et réticences respectives,
à bientôt laissé les tables nettes de
blanc papal pour des échanges
plus nerveux, plus actuels, plus féroces.
Les heures passant, la splendeur cataleptique des interventions
atteignit son comble avec l’arrivée inattendue de
C.M*** et V.M***,
la première si résolument grecque et la seconde
fille impérativement de Shiva.
La question des Postérités s’en est
trouvée aiguisée d’autre
façon
comme vous pouvez l’imaginer. Ce n’est pas tant que
la conversation
se soit alignée sur les espérances
d’Aragon et les inquiétudes de Lacan,
ce qui n’aurait pas manqué de nous reconduire aux
méchancetés habituelles,
que l’apparition, avec elles, de la question
antérieure, de la question divine
(on comprend que je parle ici le langage des oiseaux), qui remit les
têtes
sur les épaules et tout ce beau monde sur ses pieds.
Nous fûmes ensuite visiter les locaux
désertés de la critique aphrodisiaque
où nous inscrivîmes quelques aphorismes saignants.
Voilà pour la première journée.
Les trois autres furent consacrées à vivre
éternellement.
mars 2006
Si la jeunesse estudiantine française
s'exerce à la critique avec précaution
et timidité au motif d'un avenir contractuel qui ne lui
permettra pas l'achat
en temps et en heure de son pavillon tout confort, la jeunesse
espagnole,
plus au fait de l'inintérêt de la vie
appliquée qui lui est promise, s'invente de
sublimes mixtures peu onéreuses qui lui permettent des nuits
de palabres,
de chansons, voire de jets de projecticles contre les forces de l'ordre.
Celles-ci y trouvent leur compte, comme en France : elles
s'entraînent en
vue de révoltes plus féroces parce que plus
nécessaires.
Ces premières phrases afin d'insister très
lourdement — l'indispensable lourdeur
d'un temps où il n'est pire sourd que celui qui croit
entendre — afin de souligner
d'un trait gras ce fait, que nous ne sommes pas un groupe de
littérateurs ; qu'aucun
d'entre nous n'a pour souci, si tant est qu'un souci puisse l'occuper,
les fariboles
culturelles de la distinction ; d'où, malgré ce
vocabulaire à portée de tous, le
très petit nombre de notre équipage.
Nos camarades espagnols ne sont guère plus nombreux. Nous
avons pu le
vérifier à l'occasion d'une rencontre
hasardée au centre d'une historique et
monumentale ville universitaire. Nous nous sommes fort peu
étendus, notre
tentative de dialogue ayant été
avortée par les ridicules démonstrations
habituelles de lettrés infiltrés.
Nous ne voyagerons plus.
février 2006
L’imprévu est
prévisible, à preuve notre récente
rencontre avec B***.
Il conduce bizarre experiments non loin du bras mort de la Moselle.
La rumeur dit qu’il has created a race of rabid women by
introducción por
vía oral them with a dérivé de venin
tan poderoso y perverted, qu’il les
transforme into deadly sexual rapiñas. Les discussions ont
porté sur
l’implacabilité de nos jugements et la
réduction de nos bibliothèques respectives
aux strictes nécessités des opérations
à
venir. La cathédrale a été
renommée :
les saints décharitaient comme nous faisons. Un magasin
d’ameublement
a donné lieu à une séance de
théâtre impromptue en vitrine. Le jardin botanique
une fois débarrassé de ses aires de jeux
à chiards et interdit aux promeneurs
sera parfait. Une opération a été
envisagée. Slip jaune et jazz mort. On
n’embrasse pas. Goethe, satisfait de lui-même et
tolérant envers les autres,
est mon exact opposé.
février 2006
La première publicité (on veillera
à différencier réclame,
publicité et propagande)
de notre groupe n’aura pas été vaine
(là de même on ouvrira le dictionnaire des
synonymes
de Sardou). On saura bon gré à
l’initiateur de ce coup d’avoir proposé
un auditoire choisi pour ces débuts dans le monde.
Contentement et mécontentement,
désaccords et bonne entente, devinettes et
méprises, ont été leur train,
d’abord un peu de sénateur, mais la tête
de veau ravigote,
aussi le final, sans être splendide, put-il ouvrir quelques
aperçus sur le probable, ou
du moins le possible avenir de ce nouveau régime
donné à notre crew, à
savoir
qu’une place de Lyon fut renommée avec la
légèreté et
l’évidence qui
s’impose
en la matière du nom de l’un des nôtres.
Notre prochain exercice, en cours
d'élaboration, aura lieu en
Avril 2006,
à Rome.
Postérités,
avec Cythère-critique et l’École de
Puerto López.
janvier 2006
Vers la fin 1999 quelques-uns ont formé
groupe,
qui avaient été ou allaient être
publiés aux éditions Contrepied.
On ne trouve aucune image qui puisse témoigner de cette
invention,
c’aurait été quelque chose dans le
genre que vous voyez.
Ce groupe n’a pas cru devoir rendre ses
activités publiques.
Aujourd’hui que cela n’a guère plus
d’intérêt mais que le danger a
passé,
aujourd’hui que la situation est
désespérée, tout est possible,
compris la publicité de notre Groupe, dont je me charge.
Un « je » ici qui ne sera pas suivi
d’une signature.
L’un des acquis du Groupe est que si
l’écriture en a défiguré
plus d’un et que d’autres sont sur la voie de
l’être,
aucun n’en a été rendu
méconnaissable.
Le Groupe en restera là pour le bilan. Vous
trouverez ici
les actions à venir et s’il y a lieu leurs effets.
© *** /
Autres et Pareils, 2006. |