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Guy Rubiella

 


Guy Rubiella ©, Le mateur maté, huile sur toile, 200 x 120, 1995


Peintre et plasticien né en 1944, il travaille à Barjols (Var) où il réside.

expositions collectives

• Galerie Henquez-joigny, Paris, 1971.
• Maison de la radio, Paris, 1972.
• Journées de la peinture, Paris, 1972.
• Salon de peinture, Bourges, 1972.
• Peintres de notre temps, Reillanne, 1972.
• Salon d'arts plastiques, Stains, 1972.
• Galerie Raspail 26, Paris, 1973.
• Salon d'arts plastiques, Stains, 1973.
• Galerie Raspail 26, Paris, 1974.
• Foire internationale d'art contemporain, Lyon, 1975.
• Salon révélations, Paris, 1984.
• Monaco art center, Monaco, 1985.
• Palais des Congrès, Aix-en-Provence, 1987.
• Création contemporaine entre RN7 et Verdon : Atelier Marcel Baugier, Barjols, 1987.
• Carrefour régional art et création, La Garde, 1987.
• Hommage à Robert Dulcères, Cagnes-sur-Mer, 1988.
• Vingt artistes autour d'un thème : Galerie Vogn Huset, Stavanger, Norvège, 1988.
• Salon des jeunes créateurs, Hyères, 1988.
• Espace RCB, St Tropez, 1988.
• Elstir en ville, Toulon, 1988.
• Des artistes pour la recherche sur le sida, Nice, 1988.
• 7ème rendez-vous varois des jeunes plasticiens, La Garde, 1989.
• ELstir en ville, Toulon, 1989.
• Galerie Remparts, Toulon, 1989.
• Rétrospective des lauréats d'Elstir, Centre Gérard Philippe, La Garde, 1992.
• Galerie Remparts, Toulon, 1992.
• Galerie Le Lézard, La Garde Freinet, 1992.
• Maison des artistes, Cagnes-sur-Mer, 1992.
• Salon Figuration Critique au Grand Palais, Paris, 1994.
• ManifeStationS, avec A&P, Salle de l'Aigalier, Martigues, 1995.


Guy Rubiella, Peintures in "ManifeStationS", Salle de l'Aigalier, Martigues, avril 1995
huiles sur toile, dimensions variables, 1995

• Villa Tamaris Pacha, La Seyne-sur-Mer, 1996.
• Fête du livre, Barjols, 1997.
• Salon Itinéraire, Levallois Perret, 1998.
• Exposition d'Art Contemporain, Barjols, 1998.
• Maison du Patrimoine, Six-Fours, 1999.
• "Grand Format", Espace Castillon, Toulon, 1999.
• "Ocre", Espace Castillon, Toulon, 1999.
• Exposition d'Art Contemporain, Barjols, 1999.
• "Expo 2000", Jas de la Rimade, Carcès, 2000.
• "Variations plastiques", Hôtel Clavier, Brignoles, 2000.
• Espace Castillon, Toulon, 2000.
• Espace Castillon, Toulon, 2001.
• "Grands formats", l'Aigalier, Martigues, 2001.
• "L'Art dans l'aire", Fort Napoléon, La Seyne-sur-Mer, 2003.


Guy Rubiella, Mise à l'index ,120 x 145, Huile et collage sur panneau

 

expositions personnelles

• Atelier Hubert Garnier, Marseille, 1985.
• Galerie le lézard, La Garde Freinet, 1989.
• Centre Gérard Philippe, La Garde, 1990.
• Galerie Le Jas de la Rimade, Carcès, 1992.
• Galerie Le Jas de la Rimade, Carcès, 1993.
• La Halle aux Toiles, Rouen, 1994.
• Galerie Le Jas de la Rimade, Carcès, 1994.
• Espace Guetty, Paris, 1995.
• Galerie Le Jas de la Rimade, Carcès, 1996.
• Galerie Indigo, Martigues, 2001.
• Galerie Le Jas de la Rimade, Carcès, 2002.

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vers ce dont l'absence nous hèle n°2

Je ne suis pas au monde de n'importe quelle manière : je me tiens sur un sol. Toute manière d'être pour moi implique une épreuve du sol : que je marche, stationne, tombe, repose. L'aérien lui-même le suppose : sauter exige un sol d'où s'élancer, voler n'est pas séparable des actes de décollage et d'atterrissage. La solidarité de mon corps et de ma conscience fait que ce n'est jamais que du lieu où se posent mes pieds que je perçois le monde. Et c'est de cet enchaînement irrémissible à un ici que l'espace tient son sens pour moi. Il n'est pas seulement l'espace homogène et anonyme de la géométrie, il est d'abord, pour moi qui suis un corps, une épreuve. L'espace c'est ce que j'occupe, ce que je parcours, ce qui me sépare du là-bas que je désire ou que je fuis. L'espace est l'œuvre de mon corps. Il est aussi la manière d'apparaître du monde. Mais le monde n'apparaît jamais qu'à ma conscience. Par conséquent, ma position sur un sol est solidaire d'une position du monde et de toute la variété dans laquelle il s'offre. Poser est un acte ; mais au niveau de la perception, cet acte n'est pas libre : je ne peux pas ne pas poser le monde. L'éveil d'une conscience est immédiatement corrélative de l'apparition d'un quelque chose, implicitement visé dans l'horizon d'un monde. Contre DESCARTES, il faut affirmer : un monde apparaît, donc je suis. Pas de "monde extérieur" sans une conscience qui le dévoile, pas de conscience sans objet.


Guy Rubiella ©, L'amour vache, huile sur toile,
200 x 120, 1995

Les tableaux de Guy RUBIELLA nous mettent en présence d'une absurdité : des corps (et par "corps" nous entendons cela qui se présente comme investi par une conscience) sans monde. Que signifie cette abstraction du corps, son arrachement au monde? Arracher une chose, étymologiquement, c'est la déraciner - la séparer du sol sur lequel elle se tient, qui la fait être ce qu'elle est. Une expérience de l'arrachement au monde est-elle possible pour le corps - sans qu'il provoque sa mort? Oui sans doute, toutes les fois où nous disons : "J'ai eu l'impression que le sol se dérobait sous mes pieds", ou : "Un abîme s'est ouvert", ou encore : "Ce que j'ai découvert m'a donné le vertige". Au moyen de ces expressions, nous voulons signifier un état d'émotion. L'expérience de l'émotion nous arrache au monde. "Le sol se dérobe" - cela veut dire : je déchois, je suis soudainement dépouillé de mes capacités normales d'agir, je "manque de tenue" dans le monde; le monde, en tant que cela qui m'est donné, c'est-à-dire commensurable, disparaît pour moi. Dans le vertige de l'émotion, les objets, les formes distinctes se volatilisent. Or, il nous semble qu'une émotion particulière doit être privilégiée : celle qu'éveille en nous l'expérience de la nudité de l'être désiré. La caresse n'est pas un simple attouchement, la manière amoureuse d'être au corps de l'autre n'est pas celle du médecin. La caresse, pour autant qu'elle est sincère, a à voir avec le supplice des Danaïdes : elle possède le caractère de ce qui exige l'inlassable répétition de soi-même, elle est quête de quelque chose auquel elle n'accède jamais - elle nous ouvre sur l'infini. Mais pour nous qui n'appréhendons rien qui ne présente une forme, par conséquent des limites, nous pour qui d'ordinaire l'être se donne dans la finitude - l'expérience de l'infini, c'est-à-dire de l'absence de forme, est proprement celle du rien. Rien, ici, ne veut pas dire "zéro", mais non-chose, être pur et simple, sans déterminations. Et l'on a raison de parler de l'obscur objet du désir : l'obscurité est précisément l'expérience de l'être (dans l'obscurité nous sommes bien présent à) sans formes, sans articulations discriminantes. C'est ainsi que l'amour nous éloigne du monde, c'est-à-dire des objets, autrement dit de cela qui peut s'offrir comme terme de nos visées. Or, s'éloigner d'une chose c'est quitter sa présence, l'"absenter", la priver de son être pour nous. "Je t'aime, plus rien n'existe" - cette parole banale recèle bien un sens : elle signifie que le désir érotique est une relation au monde sur le mode du retrait hors du monde.

Ce qui peut nous fasciner dans l'œuvre de Guy RUBIELLA, c'est cette manière de présence des corps. Autour d'eux, nous trouvons certes des figures, des surfaces, des couleurs - mais ces qualités et quantités flottent en dehors de toute appartenance à un objet, sont rendues à la pure matérialité. Dépouillés de la gangue du monde, libérés de leur commerce avec les objets, leur lumière éclate en toute plénitude, renvoyant toute chose dans le magma sans visage du pur "il y a".

Michael FOUCAT (Tours, 1993) cf Autres & Pareils, La Revue

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© Guy Rubiella / Michael Foucat / Autres et Pareils, 2005.
Photographie : © Brigitte Palaggi, 2005.