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Poussières

 

 


Poussières, installation photographique (détail), Espace Culture, Marseille, oct. 2005 © Denis Bernard

 

une exposition de Denis Bernard

 

poussières
1985 - 2003

Deux souvenirs d'enfant, pour commencer. Le premier se situe dans un couloir clos par un mur. La lumière, passée par un trou de serrure, s'est muée en "image du dehors", projetée sur le mur blanc : ciel et sol inversés, monde vu à l'envers. Le second se situe dans une chambre. C'est tôt, un matin d'été. La poussière danse dans les rais de lumière qui percent des volets.


Poussières, photographie,12 x 14 cm, © Denis Bernard 2003



Curieux comme la poussière, en suspens dans la lumière, semble "remonter" vers l'ouverture, la source ; et, passant au travers des huis, semble "ressortir". À moins que, dans ces incessants tourbillons, la poussière ne remonte avec la chaleur de l'air et donne l'illusion d'être attirée par ces trouées de lumière !En 1985, j'ai eu le plaisir de ré-activer ces souvenirs et de les prolonger par une expérience d'images. Cette fois, l'enjeu était clair : je voulais enregistrer ces images de trous de serrure... et de poussières. Toute porte fermée, dans une pièce vide précédant un petit laboratoire photo, j'ai éprouvé cette sensation, déjà vécue, d'être enfermé à l'intérieur d'une machine ; observant comment la poussière et la lumière s'organisaient entre elles pour "fabriquer" des images.

 


Poussières, photographies,12 x 14 cm, Be-Bop Jazz Galerie,
Nice, novembre 2003 © Denis Bernard


C'est le lot du photographe d'être coupé du monde, enfermé dans ces lieux magiques où l'image se révèle et apparaît. Ici, paradoxalement, tandis que tout photographe qui se respecte s'évertue de chasser la poussière, celle-ci devenait le sujet de l'image. À l'époque, je travaillais comme photographe professionnel avec des sur-faces photosensibles, de 10,2 par 12,7 cm (4x5 inches), très performantes pour recueillir détails et informations. Un format plus de dix fois supérieur à un 24x36 ordinaire. Un jour, sortant de l'obscurité du labo pour rentrer dans ce que je croyais être l'obscurité de cette antichambre, en tenant à la main une de ces surfaces sensibles, j'ai été happé, dès que l'accommodation à la pénombre s'est faite, par la nouvelle matière du lieu : du haut en bas, vibrait l'image inversée de ce qui se passait de l'autre côté de la porte... Une image en volume, en mouvement... Je me suis alors "promené" dans l'espace de la pièce, marchant dans cette poussière lumineuse, vers cet endroit de la porte par où l'image "arrive" ; troublé à la fois de tenir en main l'image et d'enregistrer une photographie dans sa propre durée. Le dispositif s'était décloisonné : le labo était devenu machine de vision, et, l'espace, une image en volume animé du dedans. J'ai développé cette image sur laquelle beaucoup de lumière s'était promenée. Recouvrement, durée. Un instantané à l'envers. La contre-forme accablante du moment décisif si cher à Cartier-Bresson par citation du Cardinal de Retz. Ce fut une telle surprise, que je décidai d'en produire plusieurs variations.

 


Poussières, photographie,12 x 14 cm, Be-Bop Jazz Galerie, Nice © Denis Bernard 2003


Plus tard, scrutant l'image sèche, j'ai cru y deviner une sorte de petite écorchure transparente dans (sur ?) l'épaisseur de la couche ; trace laissée par une poussière plus volumineuse que les autres, presque visible à l'œil nu, qui s'est maintenue sur le plan film pendant la pose. À partir de ce moment, les notions de "négatif" et de "positif" ont été sérieusement ébranlées ! J'ai compris, en la voyant, que la poussière avait tracé son ombre, un peu comme la queue d'une comète. À l'envers... Le tour était joué ! L'idée était là. La poussière interférait avec le grain de la photo. Je n'en demandais pas plus.

Paris XIV, le 10 juin 2003
Cf Autres & Pareils, La Revue n°21

 

Cette petite série a été réalisée sur du papier "ordinaire", recouvert de "sels" de fer, appelé aussi cyanotype, pour échapper à la tonalité noire et blanche des tirages argentiques traditionnels et de la lecture négative/positive, inopérante ici. J'ai choisi de présenter des contacts, c'est à dire des images à l'échelle 1 (sic), non agrandies.

Les images et le papier ont été mis en contact couche contre couche, puis exposés, plaqués par du verre épais, aux rayons ultraviolets durant une demi-heure. Ce papier a pu être utilement plié en reprenant la trame des trajets lumineux pas lesquels les images ont été "exposées".

Deux images ont accompagné cette étude. La célèbre photographie de Man Ray et Marcel Duchamp, intitulée Élevage de poussière, et datée de 1920. Ainsi qu'une photographie de Jacques-Henri Lartigue, Course d'automobiles à Antibes, datée de 1929, extraite d'une série d'images (en 9x13 cm) sur laquelle un effet similaire d'ombre de poussières est visible ; ce qui a fortement intrigué mon regard et stimulé cette recherche.

 


Poussières, projet, photos, documents, Espace Culture, Marseille, oct. 2005 © Denis Bernard

 

contact

Olivier Domerg au 04 42 42 09 55
AUTRES ET PAREILS
Bâtiment C12
Résidence Paradis St Roch
13500 MARTIGUES

© Denis Bernard / Autres et Pareils, 2005.