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De chaises et d'autres

 

 


Port-de-Bouc (13), Anse Aubran , 20 x 30 cm, 11 avril 1998 © Brigitte Palaggi

 

Une exposition de photographies de Brigitte Palaggi créée à l'Espace Culture
(42 La Canebière, Marseille) le 6 février 2007.

conception

Brigitte Palaggi conçoit son travail à travers l'idée de “série” d'images photographiques et du temps nécessaire à leur collection ou à leur invention (quelquefois plusieurs années). Pour elle, ces séries ne sont pas reproduction ou redite d'une même image, prise ou conçue dans des contextes différents. Il n'y a donc pas "répétition du même", mais, au contraire, confrontations, amplifications, correspondances ; successions déterminées d'images qui s'additionnent les unes aux autres, formant l'unité de l'œuvre en train de se faire.


Le printemps, Marseille (13), 20 x 30 cm, 1994 © Brigitte Palaggi


Les chaises renvoient néanmoins à un sous-ensemble de cinq photographies auxquelles s'adjoint un proverbe, exposé il y a quelques années et qui a pour titre : Les bancs.

Chaises et bancs forment un ensemble conséquent, constitué dans le temps, qui possède ses propres ramifications (englobant des photographies qui viennent en écho, font référence les unes aux autres), d'où son titre De chaises et d'autres.

La série jouant aussi d'un certain humour, voire, d'un brin de non-sens. Elle est pour une grande part inédite (hormis deux cartes postales publiées par l'association Autres et Pareils).

présentation

33 photographies + 1 proverbe se décomposant comme suit : 10 photographies 30 x 40 en couleur, 5 photographies 28 x 28 en noir et blanc, 13 photographies 20 x 30 en noir et blanc, auxquelles s'ajoutent 5 photographies 28 x 28 en noir et blanc + 1 proverbe de Jules Vipaldo constituant "Les Bancs".


De chaises et d'autres, Espace Culture, Marseille, février 2007 © Brigitte Palaggi

autour de l'exposition

Le vernissage de l'exposition donne lieu à un dialogue décapant entre la photographe et Olivier Domerg : vraie-fausse interview de l'artiste interrogée sur le sens de son travail et le pourquoi des chaises.

 
Interview de la photographe, le 6 février 2007 pour le vernissage de De chaises et d'autres, Espace Culture, Marseille, février 2007 © Brigitte Palaggi


de chaises et d'autres

L'ironie est inhérente à ce projet photographique. En un sens, elle l'alimente d'un regard sur l'objet, proche de l'objet, mais qui laisse voir aussi, dans le même temps, cette légère distan­ciation qui fait sa force. Car, ces chaises sont vues en tant que telles ; vides, réduites à une solitude risible. L'objet, en l'absence de tout occupant, de “l'être assis” qui lui donne sens, (re)devient inutile, voire, incongru. La photographe les surprend dans ces attitudes convenues ou grinçantes (les chaises le sont parfois), où l'objet esseulé, laissé pour compte, apparaît tout à coup dérisoire, figé dans un abandon cruel ou criant.

Privé de sa fonction, et comme amputé de sa parole, il est alors renvoyé à cette étrangeté première. Certains y verront de la “poésie”, du “poétique” (le mot est à la mode, le plus souvent utilisé à tort). Il n'en est rien. Il s'agit d'autre chose. Il s'agit de photographier la chose, et seulement elle. La chose, abandonnée à son sort de “chose” et cadrée, au plus près, dans l'espace qu'elle occupe.


Aigues Mortes (30), 30 x 40 cm, 20 avril1993 © Brigitte Palaggi

À défaut de poésie, peut-on y voir de la fiction ? L'exposition De chaises et d'autres ne suscite-t-elle pas certaines hypothèses ; points de départ de toute fiction ? Par exemple, on fera « l'hypothèse que ces chaises nous disent ou nous cachent quelque chose ». Ou « que quelque chose lie ces chaises entre elles ». De même, on fera l'hypothèse « de ce qui se passe entre chaque étape (ou état) figurée par les bancs », etc. Le jeu des hypothèses s'inscrit lui-même en contre-point du jeu des “chaises musicales” (une hypothèse aussitôt formée, aussitôt formulée, chasse l'autre et prend sa place).

L'absurde n'est jamais loin du réel, pour qui sait le voir. On pense bien entendu à Ionesco. Leur incongruité devient le moteur d'un récit dont la photographe, en cadrant ce banc ventru ou cette chaise isolée sous une tonnelle, donne les grandes lignes. Dans le cas des bancs , l'ensemble est délimité de façon humoristique par des sous-titres adéquats ( Naissance , Ventripotence , etc.). La fiction n'a plus qu'à s'asseoir sur les places vacantes ou dans l'es­pace libre entre les chaises. Ainsi peut-elle trouver son rythme dans les intervalles, où, libre cours est laissé au spectateur pour imaginer le lien, la petite histoire , la suite à donner.


Chavagneux (38), 30 x 40 cm, 16 juillet 1988 © Brigitte Palaggi

 

La place de l'objet dans les photographies de Brigitte Palaggi n'est certes pas anecdotique ou simplement référentielle. À travers les chaises, les bancs ou les étendages précédents qu'elle traque et dont elle s'empare, c'est évidemment la question du réel qui est, à chaque fois, posée et celle du rapport que ces objets entretiennent avec nous. Ce qu'ils disent, en notre absence, de notre intimité.


De chaises et d'autres, Espace Culture, Marseille, février 2007 © Brigitte Palaggi

 

Car, d'une façon paradoxale, ces photographies parlent d'autant plus de nous que nous en sommes absents ; et d'autant mieux, que leurs sujets sont des bancs, des boîtes aux lettres ou des étendages (pour citer d'autres séries existantes). Bref, des utilitaires (et autres ustensiles) sur lesquels ou derrière lesquels, on s'attend à nous voir apparaître, et qui ne prennent leur sens véritable que dans l'usage qu'on en fait.

Ajoutons que l'œuvre de Brigitte Palaggi ne se résume pas uniquement à cette tentative, disons, “matérialiste”. Il y a dans chaque photographie que nous avons pu voir, une forme explicite ou implicite d'humour : trait, parti-pris ou clin-d'œil qui s'exprime, et jusque dans la présentation même de son travail.

Cadrage du quotidien et mise en scène de l'objet, montrent l'insolite dans le banal et touchent parfois à l'absurdité du monde moderne (comme, par exemple, dans ses matières marines — autre série dont le point de départ sont ces formes proposées par l'amoncellement de détritus hétéroclites sur les rivages).

Notons également cette manière plutôt féminine de photographier ces objets et de montrer ses images. On se souvient, entre autres, de la présentation finement anachronique des dentelles ou celle plus ludique des étendages.

Que dire encore sur cette photographe ? Que d'autres expositions sont en préparation ? Que la série ne relève pas de l'inventaire, du recensement d'une forme, mais plutôt de la recherche d'une image photographique unique, et certainement, de la poursuite d'un travail visant à réduire notre distance au réel, sans jamais s'affranchir totalement de l'idée que cela est impossible.


Étang de Diane (20), 30 x 40 cm, 3 septembre 1990 © Brigitte Palaggi

 

contact

Olivier Domerg au 04 42 42 09 55
Autres et Pareils
Bâtiment C12
Résidence Paradis St Roch
13500 MARTIGUES
autresetpareils@free.fr

 

 

© Brigitte Palaggi / Autres et Pareils, 2007.