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Les Bancs

 

 

Une exposition de Brigitte Palaggi
avec un proverbe de Jules Vipaldo



Sénescence,
"Les Bancs", photographie, 30 x 30 cm, 1995


« Sur la place de mon village, ils détendaient dignement leur rachitique corps vert d'Académiciens. (La nuit, l'austère Poilu du monument aux Morts venait-il s'y reposer ?). Je me souviens de leur rugosité, de leurs pièges aussi, une écharde ayant vite fait de vous traverser le doigt. C'était de bonne guerre, vengeance dérisoire contre les attaques perpétuelles des canifs amoureux, y allant de leurs incisions à la diable, de leurs gravures érotiques, cœurs traversés de flèches, initiales majuscules, Amours éternelles résistant aux intempéries et à l'usure naturelle du bois au contact répété de la fesse locale. D'autres inscriptions étaient plus poétiques encore : en deux lettres on vous traitait de pédé ou bien il fallait que vous niquassiez votre mère, invitations purement rhétoriques, bien entendu, qui participaient au charme infini du lieu. »


Définition

La séquence des bancs fonctionne de façon autonome et raconte une petite histoire, que l'on pourrait sous-titrer « grandeur et décadence d'un objet utilitaire », si l'on s'en tenait à l'anecdote. Impression renforcée par une mise en scène appropriée et un proverbe légèrement décalé (signé Jules Vipaldo).

Série pourtant close, Les Bancs viennent en écho à d'autres photographies ; notamment à toute une série sur les chaises, très cocasse, et pour une bonne part inédite (hormis deux cartes postales publiées par Autres et Pareils). Dès lors, on pourrait considérer ces bancs comme un sous-ensemble parfaitement réglé, dans son sens et son dispositif ; lequel se rapporte donc, référentiellement, à un ensemble plus important en cours d'achèvement.

L'ironie est inhérente à ce projet photographique. En un sens, elle l'alimente d'un regard sur l'objet, proche de l'objet, mais qui laisse voir aussi, dans le même temps, cette légère distanciation qui fait sa force. Car, ces bancs ou ces chaises sont vus en tant que tels ; vides, réduits à une solitude risible. L'objet, en l'absence de tout occupant, de “l'être assis” qui lui donne sens, (re)devient inutile, voire, incongru. La photographe les surprend dans ces attitudes convenues ou grinçantes (les chaises le sont parfois), où l'objet esseulé, laissé pour compte, apparaît tout à coup dérisoire, figé dans un abandon criant ou cruel.


Les bancs in "ManifeStationS", photographies, 30 x 30 cm, 1995 © Brigitte Palaggi

Privé de sa fonction, et comme amputé de sa parole, il est alors renvoyé à cette étrangeté première. Certains y verront de la “poésie”, du “poétique” (le mot est à la mode, le plus souvent utilisé à tort). Il n'en est rien. Il s'agit d'autre chose. Il s'agit de photographier la chose, et seulement elle. La chose, abandonnée à son sort de “chose” et cadrée, au plus près, dans l'espace qu'elle occupe.

À défaut de poésie, me direz-vous, peut-on y voir de la fiction ? Bancs et chaises ne suscitent-ils pas certaines hypothèses, points de départ de toute fiction ? Par exemple, on fera « l'hypothèse que ces bancs nous disent ou nous cachent quelque chose ». Ou « que quelque chose lie ces bancs entre eux ». De même, on fera l'hypothèse « de ce qui se passe entre chaque étape (ou état) figurée par ces bancs », etc. Le jeu des hypothèses s'inscrit lui-même en contre-point du jeu des "chaises musicales” (une hypothèse aussitôt formée, aussitôt formulée, chasse l'autre et prend sa place).

L'absurde n'est jamais loin du réel, pour qui sait le voir. On pense bien entendu à Ionesco. Leur incongruité devient le moteur d'un récit dont la photographe, en cadrant ce banc ventru ou cette chaise isolée sous une tonnelle, donne les grandes lignes. L'ensemble est délimité de façon humoristique par des sous-titres adéquats (Naissance, Ventripotence, etc.). La fiction n'a plus qu'à s'asseoir sur les places vacantes ou dans l'espace libre entre les bancs. Ainsi peut-elle trouver son rythme dans les intervalles, où, libre cours est laissé au spectateur pour imaginer le lien, la petite histoire, la suite à y donner.

Présentation, support

Les Bancs se présentent comme une série de 5 photographies en noir & blanc de format 30 x 30 cm montée dans un support en plexiglass de 45 x 45 cm . La série se clôt sur un proverbe de Jules Vipaldo (de format et support identiques).

Voir Faim de séries. Voir également De chaises et d'autres.

Contact

Olivier Domerg au 04 42 42 09 55
AUTRES ET PAREILS
Bâtiment C12
Résidence Paradis St Roch
13500 MARTIGUES

autresetpareils@free.fr

 

© Brigitte Palaggi / Jean-Marc Pontier / Autres et Pareils, 2005.